Présentation du projet de micro-satellite


"DEMOISELLE"

pour l'ADIR et l'ARTIC

et la Faculté des Sciences et Technologies
de l'Université de La Réunion
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Nous avons une opportunité d'entrer très concrètement dans l'univers spatial avec la réalisation d'un micro-satellite par les industries réunionnaises et les spécialistes réunionnais des techniques d'information et de communication avec le soutien de l'Université de La Réunion.

Le projet de satellite "Demoiselle" issu des travaux de la lignée "Libellule" de l'association U3P sera avec un coût minimal et une visibilité maximale un "flagship" de la compétence réunionnaise, pour la promotion de notre région et l'ouverture active vers le secteur économique spatial...

Guy PIGNOLET - 28 mars 2008
+ Complément 17 août 2008 in fine

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L'Envol

      Même si le célèbre film n'a pas repris cette séquence, la première page du premier chapitre du livre "La Planète des Singes" décrit longuement une croisière interplanétaire à bord d'un astronef propulsé par la pression lumineuse des photons. Pierre Boule en avait trouvé l'idée dans une revue de vulgarisation japonaise du début des années 50 ...

     Une décennie plus tard, c'est Arthur C. Clarke, bien connu par le film de Kubrik "2001 - L'Odyssée de l'Espace", qui mettait en avant les Voiliers Solaires pour une course à la voile entre la Terre et la Lune dans sa brillante nouvelle "Le Vent du Soleil" dont l'entreprise japonaise TEPCO s'est servie pour le scénario d'un film en 3D présenté à l'exposition universelle de Yokohama au milieu des années 80 : Fly to the Moon...

     L'idée des voiles solaires a fait le tour des ingénieurs des agences spatiales, et après les études de la NASA et de l'ESA pour lancer des voiliers en direction de la Comète de Halley, ce sont des associations de faux amateurs qui ont pris le relais au début des années 80, en Amérique du Nord, en Europe, en URSS et au Japon, pour tenter de réaliser et de lancer des voiles solaires.

      C'est ainsi qu'est née l'U3P ou Union pour la Promotion de la Propulsion Photonique, lors du Congrès International d'Astronautique à Rome en 1981. Depuis maintenant 25 ans, l'U3P est allée de projet en échec et en renaissance vers de nouveaux projets, s'enrichissant de connaissances et d'expérience, tandis que le monde évoluait, avec l'explosion des technologies informatiques, le passage de l'URSS à la Russie, les nouveaux matériaux, etc, etc...

      Aujourd'hui, l'U3P, c'est son Président, Olivier Boisard, Professeur à l'Ecole Centrale de Lille, ancien lauréat national du Prix Scientifique Phillips pour les Jeunes, c'est son secrétaire, Bernard Charles, un instituteur réunionnais installé à Amboise, qui a été le premier enseignant européen à faire des expériences pédagogiques en impesanteur, c'est Guy Pignolet de Sainte Rose, anciennement chargé de mission prospective au CNES, ainsi que des activités nouvelles pour l'éducation et la jeunesse, qui a été le coordinateur national du projet "Spoutnik 40 Ans" premier satellite collégien du monde, réalisé par des élèves de Saint-Denis de La Réunion... L'U3P, ce sont les ingénieurs Alain Perret et Jean-Yves Prado, anciens chefs de projets satellites au CNES, et bien d'autres passionnés venus de nombreux horizons... Sans compter les amis, comme l'ingénieur russe Vladimir Syromiatnikov, un grand ami de La Réunion où il est venu à plusieurs reprises, concepteur de "Znamia", première voile solaire effectivement déployée dans l'espace en 1993, et sans compter l'accompagnement moral par de grandes personalités, comme Michel Debré, qui avait participé à l'Assemblée Générale de l'U3P en 1990 et que l'on retrouve dans film "U3P-2001"... et les romanciers Bernard Krummenacher et Bernard Werber qui sont venus parler du "Papillon des Etoiles" à l'Assemblée Générale 2007.

 

La Libellule Badmington

    Au début des années 80 les voiles solaires que l'on pouvait imaginer faisaient au minimum quelques dizaines de kilogrammes, ce qui demandait des grandes surfaces de voile et un encombrement important pour le lancement, et il fallait envisager pratiquement la moitié de la capacité d'emport d'une Ariane pour lancer une voile... Avec les années, les systèmes de bord se sont réduits en masse et en encombrement, une équipe américaine a pu tenter de lancer une voile "Cosmos" avec un missile russe reconverti, et les Japonais de la Jaxa ont déployé des panneaux de voiles solaires à deux reprises...

     En Europe, l'U3P a imaginé un projet de déployement d'une petite voile de 5 mètres de côté, embarquable dans des "cube-sat" spécialement conçus pour le lancement de micro-satellites réalisés par des étudiants ou des amateurs, et s'est associée avec deux autres partenaires pour le développement d'un projet "Libellule"... Nous devions présenter un modèle "proto-vol" au Congrès International d'Astronautique 2007 à Hyderabad en Inde, et une vidéo promotionnelle "Libellule-Dragonfly" a été réalisée, prélude à des contacts avec des organisations susceptibles de lancer notre petite voile, mais malheureusement, une série de dysfonctionnents dans l'organisation interne de nos partenaires n'a pas permis au rêve de ce réaliser cette fois-ci, et nous avons été conduits à mettre fin à ces partenariats...

 

Wings of Fire

     Tout n'a pas été perdu à Hyderabad, puisque nous y avons rencontré une personne extraordinaire, le Professeur Abdul Kalam, une sorte de "Super Curien" qui non seulement a bâti le programme spatial indien, mais aussi été de 2002 à 2007 le Président de la République Indienne, tout cela est raconté dans son livre autobiographique "Wings of Fire"... Abdul Kalam, dans un discours très stimulant aux étudiants qui participaient au congrès, a parlé du développement de l'Inde à l'horizon 2020, parlant même avec force de SPS et TESF, ce qui ne pouvait pas nous laisser insensibles, puisque l'Université de La Réunion est leader européen dans ce domaine de recherche pour les énergies du futur...

    A Hyderabad, la présentation du Letchi Orbital de La Réunion a également été remarquée comme un exemple d'un "outreach" exceptionnel réalisé à peu de frais pour aider à une prise de conscience de nos réalités extra-planétaires... à Hyderabad, en Inde, nous avons repris contact avec notre partenaire japonais Kenji Ogimoto, ancien chef de projet du satellite expérimental OTS-7 et grand ami de La Réunion, une région avec laquelle il a de nombreux liens...

     Nous avons à Hyderabad repensé le concept Libellule, et une convergence d'événements, liés par le puissant élan inspiré par le Professeur Abdul Kalam, nous a incités à reconstruire un projet enrichi où La Réunion tiendrait la première place...

 

La Demoiselle Péï

    La Réunion est déjà une île spatiale, c'est une région singulière de la France, de l'Europe, du Monde... Il y a déjà une expérience du spatial dans notre région, et quand avec le Préfet Gonthier Friederici, un ancien du CNES, nous avons un jour organisé une journée "Espace" à Sainte Rose, il est venu plus de quarante personnes effectivement impliquées dans des activités extra-planétaires...

    Nous sommes déjà dans la deuxième génération spatiale, de l'épopée Spoutnik 40 Ans, nous avons retiré des enseignements fructueux et le temps semble venu pour un projet ambitieux et réaliste qui soit un "flagship" pour le développement et pour la promotion des compétences et des industries réunionnaises.

     La Libellule devient une "Demoiselle". Le projet de réalisation d'un micro-satellite est faisable, suffisamment simple pour être à notre portée, suffisamment complexe pour être enrichissant. C'est un projet peu coûteux eu égard à son rayonnement, il faut compter un budget de l'ordre de 50 K€ pour la réalisation du satellite, auxquels il conviendra d'ajouter un montant égal pour un nécesssaire projet jumeau de valorisation et de communication. Les talents, les outils, les financements existent dans notre région...

    Le projet "Demoiselle" c'est le projet de réalisation d'un micro-satellite pour la promotion et le développement du savoir-faire réunionnais. Dans un premier temps, et il faut se limiter à cet objectif, il faut et il suffit de fabriquer un satellite capable de voler, conçu pour faire la démonstration technologique de déployement d'une voile dans l'espace, à laquelle on pourra ajouter une mesure simple d'un paramètre physique de température globale, en liaison initiante avec les problèmes de réchauffement de la planète... Le projet est réalisable en deux ans...

     C'est un apprentisage dynamique des techniques spatiales et des réseaux du secteur, prélude à des activités durables dans les complexes industriels spatiaux nationaux, européens, mondiaux...

 

La "DEMOISELLE" est un vrai projet-école

pour l' avenir de La Réunion

Le concept "Demoiselle" esquissé par Guy Pignolet

La "Demoiselle" emblématique par Olivier Boisard

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Compléments au 17 août 2008

* Les 17 et 18 mai 2008, au cours d'un atelier qui s'est déroulé à Amboise et où plus de la moitié des participants étaient Réunionnais, le concept Demoiselle a été affiné. Un dossier de référence et une maquette ont été réalisés.

* Lors du congrès japonais ISTS en juin 2008, quatre technopoles japonaises ont présenté des projets de micro-satellites semblables au projet Demoiselle, dont la mission première est essentiellement de prouver leur capacité spatiale, un test de niveau, et plusieurs acteurs de cette démarche sont prêts à aider la démarche réunionnaise.

* La Nasa américaine a lancé une mission de type Libellule le samedi 2 août 2008. Malheureusement le lanceur expérimental Falcon-1 n'a pas réussi sa mise en orbite. Mais une vidéo du projet NanoSail-D a été mise en ligne.

* La consultation des entreprises réunionnaises est en cours, et deux partenaires majeurs se sont déjà déclarés. Le lancement formel du projet Demoiselle se fera le lundi 15 septembre 2008, et une annonce sera faite aux collègues de la communauté spatiale mondiale lors de la session spéciale "micro-satellites" du dimanche 28 septembre 2008, dans le cadre du Congrès International d'Astronautique IAC-2008 à Glasgow.

* Une Maquette dite « de Sainte-Rose » a été réalisée à partir la maquette « d'Amboise », avec de légères différences allant dans le sens d'une simplification et d'une robustesse renforcée. La face avant, qui supporte l'interface de séparation, est fixe, il n'y a qu'un seul mât déployable, pour la stabilisation par gradient de gravité, et les caméras pour l'observation du déploiement des deux voiles sont fixées sur la poutre centrale.

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